La culture dans une ville de droite...

Publié le par Gaëlle Sartre-Doublet

LES OGRES DE BARBACK
SE PAIENT LE MAIRE D’OYONNAX

Oyonnax, l’une des rares villes de France à pouvoir se targuer d’arborer la médaille de la résistance, a du se tromper de maire en élisant Jacques Gobet en 2001.
Les Ogres de Barback, excellent groupe de la scène musicale française, l’a appris à ses dépens en diffusant le 5 mai, date de son spectacle au Centre culturel Aragon, une vidéo vaguement défavorable à un certain Nicolas Sarkozy, qui a provoqué l’ire de l’élu local UMP.
Informé "dès le dimanche 6 mai au matin" (ça bosse à la mairie d’Oyonnax) de "l’incident" lors du spectacle qui a "servi de prétexte à une action de propagande politique" (rien que ça !), Jacques Gobet "exige", le 10 mai, "des explications écrites de la part des artistes des "Ogres de Barback".


Le courrier est tellement savoureux que nous ne résistons pas au plaisir de vous le faire partager.



Cette truculente missive pourrait être un cas d’école de l’argumentation la plus falote de toute l’histoire de la correspondance.

Reprenons un par un les quatre points évoqués par le maire :

-  1) L’obligation de "neutralité républicaine" à l’intérieur des bâtiments publics. Il n’aura en effet échappé à personne que les meetings politiques se tiennent dans la rue, à la campagne, ou dans des appartements privés.

-  2) La campagne était close depuis la veille à minuit, ce qui constitue pour le bon maire une "circonstance aggravante" à l’encontre des Ogres qui, comme chacun le sait, sont un puissant parti politique à la tête d’un groupe de presse colossal.

Les règles du jeu de la campagne


-  3) Les artistes, selon le maire, auraient "choqué les convictions d’une partie importante du public".
Outre que c’est lui qui l’affirme et que les Ogres ne semblent pas avoir terminé leur concert sous les huées et les sifflements, vous apprendrez qu’un artiste ne doit être ni engagé ni choquant. C’est comme ça. D’ailleurs, vous n’avez jamais vu Barbara avec une rose auprès de Mitterrand ni Polnareff exhibant son cul sur des affiches. Vous avez rêvé. D’autant que, nul ne l’ignore depuis Platon, l’art est le plus bas degré de la vérité et n’est qu’une simple imitation de la nature. Quant au poète, il faut tout simplement le chasser de la cité idéale.

-  4) Enfin, avec une rare élégance, le bon maire rappelle que les artistes "étaient payés par la ville d’Oyonnax", "où" - encore une circonstance aggravante on le suppose - "les électeurs ont voté Sarkozy à 60%".
Les Ogres ne sont pas sérieux : ils auraient dû prévoir le résultat des élections dès le samedi soir et obéir le doigt sur la couture du pantalon à la vox populi comme à leur bienfaiteur (celui qui a signé en bas, à droite, le fameux chèque).
Depuis quand les fous du roi mordent la main qui les nourrit ? Hérésie !
Or, les manants ne s’en sont pas tenus là : figurez-vous qu’ils ont osé répondre au seigneur local. Si. Et pas aimables avec ça, les Ogres - du tout, du tout :

 



Demeure une question non élucidée. Comment certains commentateurs ont pu rapprocher l’ère Sarkoziste de la féodalité ? Nous, on s’interroge encore. Et tenons à préciser - au cas où - que nous avons nos papiers en règle...

Pour mieux comprendre certaines politiques de la ville en matière culturelle (là encore UMP, on n’y peut rien !), à lire aussi : Aix ne sait plus sur quel pied danser



Les Ogres De Barback - Jerome (Contre l'homophobie)

Publié dans Divers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article