Peut-on être prof, mais d’accord avec Ségolène sur les 35 heures ?

Publié le par http://lucky.blog.lemonde.fr

C’est curieux. D’habitude, en tant que prof, je suis toujours scandalisé par les propos médiatiques qui s’essuient les pieds sur la prétendue fainéantise des enseignants.

Une précision : Ne médisons jamais des fonctionnaires au contact du public et au service des usagers : enseignants, infirmières, facteurs, conducteurs de bus, etc. C’est souvent par eux que la société continue à tenir debout.
Mais en revanche, il y a certainement un vrai problème dont d’ailleurs les « libéraux » ne parlent jamais : la bombe à retardements qu’a constitué ces dernières années l’embauche de centaines (?) de milliers d’agents territoriaux dans les nouvelles administrations locales redondantes (et trop dépendantes d’un lien d’allégeance personnel avec les élus), comme les communautés de communes. Qui va payer ces carrières et ces retraites non provisionnées ? Pour quel service réel à la population ?...

Mais ici, il ne s’agit pas de cela.

Si Ségolène Royal a regretté que des profs travaillent le soir dans les boites à bac privées, elle n’a pas eu tort : Cela démolit très concrètement l’égalité républicaine qu’ils sont censés assurer. C’est une dérive habituelle dans le tiers-monde (car les salaires d’enseignants y sont trop faibles.) Ne le tolérons jamais en France.

Si Ségolène Royal a demandé plus de présence dans les lycées, elle n’a pas eu tort, non plus. J’ai choisi ce métier de prof pour sa liberté. Mais disons « banco » : Nous voulons bien assurer une présence horaire plus longue au lycée, notamment pour recevoir facilement des élèves en difficultés et des familles. Peut-être par volontariat contractuel.

Mais en échange, qu’on nous donne de vrais bureaux individuels, dignes, avec les rangements efficaces et des connections internet. Nous pourrions y classer nos affaires encombrantes, recevoir nos collègues et partenaires, préparer nos cours sur place et corriger nos copies. Et simultanément contribuer à l’ambiance du bahut comme lieu de vie.

Cela augmenterait la présence des adultes, ce qui est primordial.

Cela donnerait du temps concret pour la concertation avec les collègues (tout en apprenant cependant à ne pas perdre trop de temps en réunionite inutile et hypocrite).

Et puis surtout, que vive la convivialité qui manque tant : Que les salles de professeurs s’équipent enfin de vrais cafés-bar et de salles de repos. Que les gymnases nous soient ouverts. Que les CDI (bibliothèques) deviennent de vrais lieux d’effervescence intellectuelle, richement dotés. Que chaque musicien (adulte ou enfant) puisse répéter sur place, pour que chaque établissement possède son orchestre ou sa fanfare, comme dans de tant de pays, sauf la France.

Mon lycée : Sa fanfare. Sa scène théâtrale. Son potager autogéré. Son musée. Sa rédaction et son imprimerie ouvertes sur le quartier.

Ségolène, si tu savais !

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Publié dans Divers

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