Ennui, chaises vides et brosse à reluire au forum de l'UMP

Publié le par Antoine GUIRAL - Libération.fr

Mal organisé et pas franchement pluraliste, le premier des trois débats opposant Nicolas Sarkozy à Michèle Alliot-Marie a été un flop.


L'UMP regarde trop la télé. Son premier forum, samedi après-midi au CNIT de la Défense, censé organiser le débat entre son candidat déclaré, Nicolas Sarkozy, et sa challenger qui se tâte encore , Michèle Alliot-Marie, s'est contenté de singer un mauvais talk-show. Résultat : deux heures de palabres sans relief et beaucoup d'ennui pour les participants, comme pour les spectateurs. Avant même l'ouverture de la tartufferie, un ministre sarkozyste ne cachait pas sa colère : «Franchement, emmerder les gens avec ces conneries un samedi après-midi juste avant Noël pour satisfaire les caprices de Michèle Alliot-Marie, il fallait oser...» L'UMP osa.

Prestation contre-productive 

Elle osa même changer les règles du jeu, arrêtées dans la douleur la veille au soir, qui prévoyaient que chacun réponde aux mêmes questions de parlementaires et de blogeurs, accusait hier la ministre Défense. «Une heure avant l'entrée en scène, nous n'avions pas le déroulé du forum, dénonce son entourage. Samedi, elle a joué le jeu par esprit de responsabilité, mais s'ils veulent qu'elle vienne aux deux prochains débats de Lyon et de Bordeaux, il faudra que cela se passe autrement.» Ce qui ne serait pas une mauvaise idée tant la prestation de samedi, faussement décontractée, a été contre-productive s'il s'agissait de donner l'image d'un parti ouvert au vrai dialogue. Mais ce n'est manifestement pas l'avis de Nicolas Sarkozy, qui estime que l'UMP a offert «un débat de très bonne qualité». 

Sur un podium avec des pupitres disposés en fer à cheval, Jean-Pierre Raffarin grimé en Monsieur Loyal retrouve les spotlights. Son rôle : distribuer la parole, rappeler qu'il a été Premier ministre, ponctuer les interventions de bons mots. Par-dessus tout, le picto-charentais doit faire rire avec ses attaques contre Ségolène Royal qui lui a ravi sa région : «Tu vois Nicolas, j'en viens presque à espérer qu'elle reste présidente de Poitou-Charentes», lance-t-il par exemple après une charge de MAM contre la candidate socialiste qui «a serré la main du Hezbollah mais refuse de serrer celle d'une députée française [Françoise de Panafieu, ndlr] ». 

Le public, lui, est composé de vieux, de jeunes, d'enfants, et bien en vue un parterre de vedettes UMP avec une poignée de vieilles gloires «vues à la télé» (Jean Tiberi, Olivier Stirn...). Beaucoup de chaises vides aussi. Dûment briefé, il applaudit à l'unisson chaque intervention pour ne surtout pas donner l'impression de favoriser qui que ce soit. Pour faire moderne, il y a aussi le blogeur officiel et appointé de l'UMP, Loïc Le Meur (lire aussi page 36): «Ça me gêne presque de vous poser la question, mais un internaute le demande : pourquoi ne pas avoir fait le service minimum dans les transports alors que vous avez été au gouvernement pendant cinq ans.» Un boulevard pour Nicolas Sarkozy : «Le service minimum dans les transports, c'est un engagement que je prends et qui sera tenu dès le mois de juillet si je suis élu. On n'a pas le droit de prendre en otage des gens qui n'y sont pour rien.» 

«Non au laxisme» 

«Je ne me fâche pas, j'explique, j'essaie de rassembler», 
dit le candidat de l'UMP lorsqu'il a l'impression d'avoir brisé le ronron général après une sortie un peu musclée. Tandis que Michèle Alliot-Marie s'en tient à des considérations générales sur la liberté et le travail, Nicolas Sarkozy, lui, continue à se poser en candidat avec une nouvelle promesse : il fera voter une loi prévoyant «au bout de huit jours de conflit dans une administration, une entreprise ou une université, l'obligation d'organiser un vote à bulletins secrets pour que la dictature des minorités violentes ne puisse plus imposer sa loi». Venu en candidat en campagne bien décidé à montrer ses longueurs d'avance sur sa rivale potentielle, Nicolas Sarkozy indique aussi que tout chômeur qui refuse trois propositions d'emploi ne soit plus indemnisé. «Oui à l'humanité, non au laxisme», réplique-t-il à la députée Christine Boutin qui lui demande de «nuancer sa réponse». Et d'ajouter qu'il fallait «assurer aux Français que leur argent est utilisé dignement». Avec ce genre de débats, pas sûr que celui des militants le soit.
 

Publié dans Divers

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