Carrure diplomatique à l'épreuve chinoise

Publié le par P. Nivelle & D. Revault D'Allones - Libération.fr

Novice il y a peu sur la scène internationale, Royal a réussi une visite pourtant délicate.


La preuve par l'image, indéniablement, était faite. Restait à faire celle par la diplomatie. Après les clichés tout en couleur locale, expédiés depuis la Grande Muraille et la Cité interdite ( Libération d'hier), Ségolène Royal est passée aux choses sérieuses, hier, au troisième jour de son séjour pékinois : les entretiens à la chaîne avec des responsables chinois. Des «rencontres au plus haut niveau», insistait la candidate socialiste, destinées, comme lors de son périple proche-oriental, à démontrer sa capacité à s'extirper d'un terrain délicat.

Embargo. La candidate l'avait promis, elle n'a pu résister au plaisir d'un nouvel adage : «Avec la passion, on construit de grandes choses.» Et peu importe si le proverbe fleurait autant le made in China que le philosophe allemand Hegel. L'essentiel était ailleurs : dans les palais de la République populaire. Aux Affaires étrangères, où le conseiller diplomatique du président chinois, Dai Bingguo, lui a confié «admirer son élégance. Le rouge vous va très bien». Au palais du Peuple, où elle a «remercié des facilités accordées» le vice-président Zeng Qinghong, en référence à deux rencontres avec des responsables d'associations écologistes et de défense des femmes migrantes, pas forcément du goût du pouvoir. Au ministère du Commerce extérieur, enfin, où l'a reçue Bo Xilai, fringant quinqua et valeur montante du régime. De quoi permettre à Jean-Jack Queyranne, président de l'exécutif rhônalpin, de vanter «pratiquement dix heures d'entretiens politiques de haut niveau et très approfondis». Ségolène Royal semble de fait s'être fendue d'une honorable prestation dans les figures imposées : relations commerciales, construction européenne, embargo sur les ventes d'armes. La candidate a eu beau jeu de fustiger, pour le plus grand bonheur de ses hôtes, les Etats-Unis, «l'hyperpuissance qui décide pour tout le monde». Sans esquiver les dossiers qui fâchent : Tibet, Taiwan et, surtout, droits de l'homme, évoqués «sans en rabattre», selon Ségolène Royal (lire ci-dessus).

«Confiance».  «Ce qui me paraît le plus important, c'est d'incarner le changement», expliquait le matin la championne des socialistes, priée de récapituler ses «avantages et inconvénients comme candidate à la présidentielle» par une étudiante francophone de l'Institut diplomatique de Pékin. «Aujourd'hui, un chef d'Etat doit être capable de rendre des comptes régulièrement, de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'écart entre les discours et les actes. C'est comme cela que je réussirai à reconquérir la confiance des citoyens dans la politique.» Ce petit précis de démocratie participative aura-t-il parlé à la jeunesse du pays de l'ultralibéralisme totalitaire ? Mademoiselle Wu, 21 ans, à l'issue de la rencontre, s'est dite persuadée que «la France a besoin de changer de face». Ségolène Royal, en Chine, ne l'a pas perdue. C'était sans doute le principal.

Publié dans Divers

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M
Un voyage pour rien....Il n'en restera que quelques jolis photos.... De plus en plus se confirme que Ségolène fait une campagne style "Paris-Match ".....Remarquez ça peut plaîre.....
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