Ségolène Royal a débattu avec Nicolas Sarkozy (Compte-rendu, vidéo, réactions)

Publié le par Désirs d'avenir.org

Je serai la présidente de ce qui marche, sans œillères.

"Aujourd'hui, les Français s'inquiètent beaucoup de la montée des violences et des agressivités dans la société française. Le nombre de faits de violence à l'école a augmenté de 26%". Ségolène Royal plaide pour "une France où l'agressivité et les violences reculent".

"Je crois que la morale politique demande que les responsables rendent des comptes par rapport à ce qu'ils ont fait. Vous estimez-vous pour une part responsable de la situation dans laquelle se trouve la France aujourd'hui ?"

Les "agressions ont augmenté depuis 2002" alors que "M. Sarkozy, vous aviez parlé de la 'tolérance zéro".

"Le commissariat de Clichy que vous aviez promis, il n'est toujours pas ouvert".

La candidate socialiste conteste la proposition de Nicolas Sarkozy de supprimer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Citant le viol d'une femme policier à la sortie de son commissariat à Bobigny, elle estime que "peut-être que cette femme ne se serait pas fait violer" "s'il y avait davantage de policiers". Elle évoque la délinquance sexuelle "qui vous en conviendrez avec moi, n'a rien de génétique".

"Non, M. Sarkozy, je ne diminuerai pas le nombre de fonctionnaires". "Les agents publics seront protégés, en particulier les femmes" qui "seront raccompagnées à leur domicile lorsqu'elles sortent tardivement de leur commissariat de police."

Concernant l’éducation, Ségolène Royal estime qu’il « faut un nouveau pacte éducatif ». «il y a beaucoup de souffrances, les enseignants ont besoin d’ une revalorisation de leur travail, les violences ont augmenté, 50 000 emplois jeunes ont été supprimés. Je remettrai l’éducation au cœur de tout. Je veux que tous les enfants sortent de l’école avec un bagage. » Elle propose ainsi un « service public de la petite enfance », « l’école obligatoire dès trois ans » et « la mise en place d’un soutien scolaire individualisé ». Ségolène Royal estime nécessaire de « diviser les gros collèges », afin qu’il n’y ait pas plus de 600 élèves par collège et de limiter les classes à 17 élèves par classe pour que les enseignants aient un vrai travail individualisé avec l’élève.

La candidate socialiste veut porter la croissance à un rythme de croisière de 2,5%. Pour résorber la dette, il faut "d'abord relancer la croissance" pour aller vers un "taux de 2,5%". "Je le ferai en faisant un nouveau pacte avec les entreprises", et ce n'est "pas incompatible avec le progrès social, bien au contraire". "Je vais concentrer sur les PME les aides publiques" et les "allègements de charge". Les PME qui réinvestissent leurs bénéfices verront ainsi l'impôt sur les sociétés "divisé par deux".

"Si la croissance est supérieure à 2,5% (par an), à la fois je finance mon pacte présidentiel et s'il y a davantage de croissance je prends l'engagement que tout ce qui sera au-dessus de 2,5% de croissance sera consacré au remboursement de la dette".

Ségolène Royal propose une "nouvelle étape, mais une vraie cette fois" de régionalisation pour supprimer les "doublons" et "lutter contre toutes les formes de gaspillage d'argent public". Ce sera "une véritable réforme de l'Etat" pour qu'il soit "plus rapide, plus efficace et plus économe".

"Ce n'est pas moi qui gère l'assurance maladie, mais c'est quand même de l'argent public qui est dépensé et des cotisations qui sont payées sur des salaires". "Je redéploierai", car "moi je le pourrai".

"C'est la cohérence politique de la répartition des responsabilités. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez une loi de la décentralisation tellement confuse, qu'elle a entraîné une superposition des compétences entre les différentes collectivités territoriales et qui fait que tout le monde s'occupe de tout. "

"Sur la question des heures supplémentaires, moi je crois que votre proposition est non seulement dangereuse mais inefficace". On ne travaille pas suffisamment, parce qu'il y a trop de personnes au chômage".

Or, avec la proposition d'exonération des 35 heures, "un employeur aura davantage intérêt à donner des heures supplémentaires à un salarié qu'à recruter". Par ailleurs, "les heures supplémentaires sont possibles aujourd'hui, vous le savez bien". Or, "cette possibilité-là n'est même pas utilisée par les salariés. Pourquoi ? Parce qu'ils ne veulent pas forcément travailler plus".

"Moi je propose au contraire de donner de l'emploi à ceux qui n'en ont pas", aux jeunes en particulier avec les emplois tremplins. « Moi je serai la présidente de ce qui marche, sans œillère .»

"Si vous pensez que les 35 heures ont fait autant de dégâts, pourquoi ne les avez-vous pas supprimées?"demande-t-elle à Nicolas Sarkozy. "Parce que vous savez bien que ça correspond à un progrès social". Et "elles ne sont pas responsables de tous les maux de la terre".

Toutefois, "la deuxième loi sur les 35 heures a été une loi trop rigide". "Je suis capable de regarder les choses telles qu'elles sont. Cela a créé des difficultés dans les petites entreprises, c'est vrai", donc "nous rediscuterons des 35 heures" pour voir "de quelle façon elles peuvent être généralisées et dans quelle branche".

"La réponse très précise sur les 35 heures, c'est qu'il y aura sur ce sujet comme sur les autres la négociation entre les partenaires sociaux, branche par branche". En l'absence d'accord, il n'y aura "pas de généralisation des 35 heures dans les entreprises concernées".

"Nous réformerons les régimes spéciaux, y compris le vôtre"."Vous ne parlez jamais du régime spécial des parlementaires et celui-ci aussi je le remettrai à plat".

Ségolène Royal estime que le bouclier fiscal défendu par Nicolas Sarkozy était "très injuste", citant en exemple une "riche héritière" qui a reçu "sept millions d'euros" de remboursement d'impôt en raison de l'application de cette nouvelle mesure. "Il faut faire attention aux injustices fiscales" et "à la façon dont vous voulez exonérer un certain nombre de patrimoines élevés".

A propos du nucléaire, "Vous avez une approche très approximative sur un sujet extrêmement technique mais en même temps extrêmement grave. Vous venez de dire une série d'erreurs. Cela peut arriver mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet".

"Il serait sans doute plus intelligent d'investir déjà dans la quatrième génération" des centrales nucléaires. Il faut "maintenir la part du nucléaire" mais "augmenter la part de l'énergie renouvelable".

La candidate socialiste souhaite que les questions liées à l’immigration soient "dégagées de tout enjeu politicien". Elles "ne doivent pas être exploitées. Aller arrêter un grand-père devant une école et devant son petit-fils, ce n'est pas acceptable dans la République française". Ségolène Royal se déclare favorable aux régularisations "au cas par cas".


 

Réactions


La prestation des deux candidats fait l'unanimité chez eux : quand le PS salue une Ségolène Royal ayant dominé le débat, l'UMP se félicite que son candidat ait pris l'avantage.


Réactions à gauche


- François Hollande, Premier secrétaire du PS : elle a "conduit et dominé" le débat, faisant la démonstration de la "crédibilité" et de sa "capacité à exercer les fonctions" de chef d'Etat. "Le débat a été fructueux. Ségolène a conduit et même dominé l'échange (...). Elle a montré (...) de la crédibilité. Elle a montré aussi de la cohérence, de la capacité à exercer les fonctions", a déclaré le numéro un socialiste. Selon lui, la candidate du PS "a bien fait apparaître que Nicolas Sarkozy était le candidat sortant, y compris sur la sécurité".

- Vincent Peillon, porte-parole de campagne de Royal : elle "a fait la différence" face à Sarkozy "en permanence sur la défensive", "imprécis" voire "indécent" dans certains dossiers. "Ce soir, le masque est tombé", estime-t-il. "Sorti de la fuite devant ses responsabilités et de son bilan, il n'a rien à proposer, si ce n'est des discours lénifiants et des droits opposables", a-t-il poursuivi. Alors que "Ségolène Royal a fait preuve ce soir d'autorité et de compétence, de cohérence et de courage. Ce débat, tant attendu, aura été utile".

- Arnaud Montebourg, porte-parole de Royal : elle "a dominé le débat de A à Z. Il n'y a pas eu de moment où Nicolas Sarkozy a réussi à imposer un tant soit peu ses idées. Elle a gagné ce débat". "Il y avait ce mélange extraordinaire dans une femme exceptionnelle".

- Julien Dray, porte-parole de Royal: "ceux qui ne connaissaient pas Ségolène Royal ont découvert une présidente, une femme d'autorité, de convictions. A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy a été sur la défensive. Peut-être qu'il ne s'attendait pas à une telle confrontation et à une telle intensité. Ceux qui ont voté pour elle au premier tour, comme tous ceux qui doutent, se disent: ‘c'est une sacrée bonne femme'."

- Jack Lang, conseiller spécial de Royal: "Ségolène Royal a été époustouflante de bout en bout. Avec une pêche d'enfer elle a donné le la en permanence. Elle est apparue avec évidence comme la présidente de la France. Sa stature, son autorité, sa compétence se sont imposées avec éclat."

- Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale : elle "a impressionné, beaucoup ne la connaissaient pas à ce niveau de capacité, de détermination et d'autorité". "Je pense que ça pèsera et que ça fera réfléchir ceux qui, de bonne foi, hésitent et notamment pensent peut-être qu'une femme, la France n'est pas encore prête à la mettre présidente de la République". "Je pense que ce soir, il y aura une partie des Françaises et des Français qui auront basculé dans le choix du vrai changement." Tandis que "le candidat de l'UMP s'est enferré dans la continuité d'un système à bout de souffle où promesses clientélistes, mesures non financées, autoritarisme et à peu près s'enchevêtrent. M. Sarkozy est apparu mal à l'aise, emprunté, maîtrisant mal ses dossiers. Il incarnait la politique d'hier".

- Yann Wehrling, porte-parole des Verts : "Nicolas Sarkozy fait preuve d'une totale incompétence sur les questions de l'écologie. Il se contente de micro-mesures, comme les agrocarburants, totalement à côté des enjeux. Ségolène Royal fait vraiment la différence par exemple en développant les capacités de création d'emplois en matière d'écologie et la politique fiscale écologique".

- Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche : "Confiante, compétente, sereine, Ségolène Royal a dominé un Nicolas Sarkozy constamment sur la défensive et approximatif". "Elle a remporté ce soir une victoire déterminante qui doit lui permettre d'être élue dimanche présidente de la République".

- Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire : "Je crois que les propos de Sarkozy, ce soir, ça ne peut qu'inciter les hésitants à voter dimanche prochain contre Sarkozy. Il est apparu pour ce qu'il est, c'est-à-dire véritablement un adversaire aujourd'hui du monde du travail et de la jeunesse". "Je ne pense absolument pas que Ségolène Royal a pu séduire l'électorat de la Ligue mais je crois que Sarkozy, par contre, a certainement convaincu beaucoup d'hésitants qu'il fallait vraiment voter contre lui dimanche".


Réactions à droite


- Xavier Bertrand, porte-parole de campagne de Sarkozy : "ce soir c'est Nicolas Sarkozy qui inspirait confiance et le débat va renforcer la dynamique autour de lui". Il "a été davantage concret" alors que "les Français attendaient beaucoup de précisions". "Il n'y a pas photo, Nicolas Sarkozy est précis et concret". Quant à la forme du débat, "il y a eu davantage de respect de la part de Nicolas Sarkozy".

- Rachida Dati, l'autre porte-parole de Sarkozy : le débat a été "très digne de la part de Nicolas Sarkozy". "Il a eu beaucoup de respect pour Ségolène Royal malgré l'énervement et l'emportement" de la candidate PS. "Le débat a mis en évidence les incohérence et le flou du programme de Ségolène Royal". "Elle s'est contredite parfois par rapport à toute cette campagne". Le candidat UMP "en revanche, a été honnête avec les Français".

- Gilles de Robien, ministre UDF de l'Education nationale rallié à Sarkozy, dénonce "les affirmations" de Royal sur la scolarisation des enfants handicapés qui "sont totalement dénuées de fondement". "Le nombre d'élèves handicapés accueillis dans le système éducatif a pratiquement doublé entre la rentrée 2002 et la rentrée 2006". "Aujourd'hui, 20.000 élèves handicapés bénéficient d'un accompagnement individualisé. Ils étaient 4.000 en 2003".

- Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense : il "a montré sa grande supériorité" alors que Ségolène Royal "a un peu perdu la maîtrise de son ton et de ses propos". "Elle a vraiment lâché ses nerfs et ensuite elle a essayé de rattraper un peu. C'est sans doute un problème de capacité de faire face à des moments de grande tension".

- Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP : "Ce débat, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a gagné. Parce que tout le monde pensait qu'il allait s'énerver. Parce que toute la campagne du PS a été fondée uniquement sur son caractère, et sur le fait qu'il devait faire peur".

- Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy: "on a eu un débat entre candidats à la présidence de la République (...) Le débat a montré que Nicolas Sarkozy était préparé à l'exercice du pouvoir, qu'il a une parfaite maîtrise de lui, qu'il connait parfaitement ses dossiers".

- Patrick Ollier (UMP), président de l'Assemblée nationale: "Nicolas Sarkozy fait preuve d'une fantastique connaissance des dossiers". Il "a ainsi démontré sa capacité à diriger la France face à une candidate socialiste affichant des bonnes intentions sans être capable d'apporter les clarifications nécessaires à la compréhension de son projet".

- Jean-Christophe Lagarde, député UDF rallié à Sarkozy : "Un débat pénible. Je déplore le manque de crédibilité de Mme Royal pour occuper la fonction présidentielle. Son projet économique semble généreux, il n'est que flou et dangereux. J'ai compris pourquoi les soutiens de la candidate socialiste s'acharnaient à fasciser de façon irresponsable M. Sarkozy, au risque de faire naître des incidents graves au soir du deuxième tour de l'élection".

Publié dans Divers

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