Rappelle-toi, Ségolène

Publié le par Pierre Bastogne - betapolitique.fr

Pierre Bastogne, le poète ségoliste, nous a adressé un texte qui peut être slammé, ou rappé.

Ségolène, rappelle-toi…


Ségolène, rappelle-toi ces jours, ces semaines, ces mois… Nous étions pour toi, avec toi, à te défendre, à te porter comme nous sommes aujourd’hui pour toi, avec toi, et que nous te portons.


Il n’y a pas de doute. C’est juste un souvenir, juste pour toi.


Je me souviens moi d’un dîner, un dîner de juillet, dans la chaleur du mois de juillet avec des gens de gauche car on fait tellement de dîners entre gens de gauche. Au désir d’avenir, à ce désir d’avenir que j’avais, que j’avais déjà, il m’est opposé l’insulte : « travail famille patrie »… Et c’est quelqu’un de gauche qui croit faire de la politique en maniant l’opprobe, la bêtise, la vulgarité du politicard. Et je repars avec le désir d’avenir, intact.


Et puis, après l’été, magré les huées d’une soirée au Zénith, quand on te vole tes mots, quand on te pousse, on te bouscule verbalement, malgré ce soir-là, nous sommes là et nous votons pour toi, et nous votons pour toi à plus de 60%.


Alors rappelle-toi pourquoi nous avons fait cela. Rappelle-toi notre espoir et aussi notre désir. Tu nous dis que ça va changer fort et nous voulons aussi que ça réforme fort. N’oublie pas qu’il y a des situations que nous ne voulons plus connaître. N’oublie pas que nous avons voté pour l’ordre juste, pour ton ordre juste, parce que tu voulais l’ordre juste et que tu nous a donné cet espoir et ce désir aussi.


Ce serait quoi l’ordre juste ? Ce serait une république, ce serait la république, ce serait la mystique de la république et pas la république politique et tu comprends ce que je veux dire puisque tu cites Péguy.


Ce serait quoi l’ordre juste ? Ce serait le courage. Ce serait le courage de sortir des apparences, de sortir des discours apparents, des discours d’apparence ? Ce serait sortir de cette gauche qui fait la bien pensante et qui est une gauche bourgeoise et tu sais bien que cette gauche bourgeoise dialogue avec une extrême gauche bourgeoise elle aussi.


Ce serait quoi l’ordre juste ? Ce serait l’ordre de la justice, ce serait l’espoir de la justice. Ce serait pouvoir dire aux jeunes qu’ils peuvent se détendre dans la rue, qu’ils peuvent sourire, qu’ils peuvent chanter des chansons douces, que la violence, ce peut être la violence de l’amour. Ce serait ça l’ordre juste, ce serait la violence de l’amour.


Ce serait quoi l’ordre juste ? Ce serait une forme d’apaisement. Regarde les rues. Regarde ce qu’elles sont devenues. Regarde ce que l’on fait de nous. Tu te souviens de cette chanson d’Alain Souchon… « tu verras bien qu’un beau matin fatigué ». L’ordre juste, ce serait un ordre qui travaille sur notre fatigue d’un monde qui nous vend, d’un monde qui nous marchande avec sa télévision, avec sa consommation, un monde qui nous propose de gagner plus pour ceux qui peuvent travailler plus en ignorant ceux qui crèvent de faim.


Ce serait quoi l’ordre juste dans le regard d‘un enfant, le regard d’un enfant qui croit que l’école, c’est l’école, qui croit que l’enfance, c’est l’enfance et qui a raison de croire ça.


Laisse tomber ce que l’on te fait dire. Laisse tomber, on s’en fout et l’on est fier, et l’on est bien fier que tu ne saches pas combien il y a de sous-marins nucléaires car on s’en fout et puis ça coûte trop cher.


Laisse tomber. Tu dis bravitude. On dira bravitude. On en fera un mot, notre mot. On fait des fautes de français nous aussi et on s’en fout. On peut voter et faire des fautes de français. On peut vouloir la justice et l’amour et la justice encore, et l’amour encore et faire des fautes de français et aimer le français et aimer les langues et vraiment on s’en fout et c’est plutôt joli bravitude.


Laisse tomber. Tu fais une joke comme disent les Québecois. Et si tu plaisantes pas, on dit je ne sais quoi. Que tu es chiante, que tu es chieuse et chiante et chieuse et blonde pourquoi pas. Ca les fait tellement chier que tu sois une femme…


Ce serait quoi l’ordre juste ? Dis nous juste que tu crois en nous autant que l’on croit en toi, et tu va voir, ça va bouger grave.

Publié dans Divers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article